Tuesday, February 8, 2011

Halloween


Madame

Chez nous, une des traditions les plus chéries de l’automne est la fête d’Hallowe’en, qui a lieu pendant le soir et la nuit du 31 octobre au 1e novembre (la veille de la Toussaint).  Pendant ma jeunesse (il y a *très* longtemps) on se limitait à des préparatifs assez simples : on fabriquait son costume à la maison une semaine ou deux avant la fête, on découpait une seule citrouille... seuls les adultes les plus enthousiastes faisaient un grand effort pour décorer la maison ou pour se déguiser eux-mêmes.
Aujourd’hui la fête s’est beaucoup commercialisée.  Presque tous les petits achètent leur costume ; ce n’est que les familles les plus enthousiastes qui font un grand effort pour fabriquer un costume… et dans ces cas il s’agit typiquement d’un *grand* effort et d’un costume extraordinaire.  Même les adultes font quelquefois des « soirées Halloween », surtout si l’Halloween tombe sur le weekend.  Et dans quelques entreprises on prend la fête comme prétexte pour organiser un « office party. »
D’ailleurs on ne se limite plus à mettre une seule citrouille  devant la porte : ces jours-ci, on a tendance à y mettre une véritable petite armée de « jack-o’-lanterns » au pas de la porte ou dans le jardin.  Ils peuvent être découpés de façon traditionnelle… ou pas.
Barack O'Lantern
On peut passer quelques jours, voire semaines, à décorer sa maison : même dans ma ville natale au Canada, aujourd'hui on voit un plus grand enthousiasme pour faire peur aux voisins et aux petits qui circulent faire du « trick or treat. »  Le spectacle du Dunbar Haunted House, qui n’est pas loin de la maison où j’ai grandi, existe depuis 5 ou 6 ans : des milliers de visiteurs attendent jusqu’à trente minutes ou une heure pour la visiter tous les ans.  L’entrée se fait par donation, et l’argent sert à financer des fonds charitables.
Au cœur de la fête on a la tradition de faire du « trick or treating ».  Les petits (et quelquefois les moins petits aussi) se déguisent avec un costume et vont sonner à la porte des voisins pour leur demander des bonbons avec la formule « trick or treat. »  J’ai entendu plusieurs traductions de cette phrase, dont les plus courantes sont « bêtise ou friandise » et « farce ou friandise. »  Quand j’étais plus petite, on mal interprétait le mot « trick » intentionnellement pour demander aux petits de faire un petit numéro (chanter, raconter une blague, etc.) avant de leur donner des bonbons.
Mais aux E.U. le concept de « trick » peut prendre un ton plus sérieux, et quelquefois les adolescents se servent du prétexte de l’Halloween pour faire des bêtises : ils jettent des œufs contre les voitures et les maisons, enguirlandent les arbres de PQ, et font des batailles de mousse à raser dans les rues.  Dans des cas plus extrêmes, les jeunes peuvent aller jusqu’à des actes de vandalisme, bombant les murs de graffitis, etc.  Ainsi, plusieurs municipalités dans notre région établissent des couvre-feux pour le 31 octobre, des fois aussi tôt que 20 h ou 21 h du soir.
Une des premières questions que mes élèves posent aux élèves français en visite à notre lycée au mois d’octobre est, « Est-ce que vous fêtez l’Hallowe’en en France ? »  Ce qui provoque, le plus souvent, une drôle de réaction.  Les jeunes Français sont généralement d’accord sur le fait que l’Hallowe’en existe en France mais que c’est seulement pour les petits. 
J’ai trouvé une description intéressante de quelques autres différences entre cette tradition nord-américaine et son adaptation française dans un livre écrit par deux Canadiens :
"En 1999, le jour de Halloween, nous nous trouvions à la terrasse d’un café sur le port de Honfleur.  Halloween est une fête assez récente en France et la coutume n’est pas facile à adapter, en partie parce que les structures urbaines du pays ne se prêtent pas vraiment à l’approche trick or treat ! (« un bonbon ou un sort ! »).  Les enfants auraient besoin de connaître les codes d’entrée de trop d’immeubles !  A Honfleur, la municipalité a imaginé une façon de surmonter ces obstacles logistiques, en organisant un défilé de Halloween qui permettait aux enfants de la ville d’exercer leur chantage dans les cafés et boutiques autour du port.
"Halloween en Normandie ressemblait davantage à une manifestation ouvrière qu’au rituel enfantin d’Amérique du Nord.  Les enfants défilaient bien groupés entre les voitures de police, leurs petits poings levés, scandant : « On veut des bonbons !  On veut des bonbons ! »  Ils se lancèrent alors à l’attaque de tous les commerçants en leur ordonnant de leur donner des friandises.  Nous avons été époustouflés par cette foule hostile de fantômes et de zombis (cela dit, ils s’amusaient bien), mais encore plus surpis de voir les adultes jouer le jeu.
"En y réfléchissant, cela paraissait évident.  Quémander des bonbons —même en faisant semblant— n’est pas très digne.  D’où l’idée de se référer à une pratique plus fréquente : la « manifestation », légalement reconnue, escortée par la police.  C’était plus logique pour les Français, même pour s’amuser !"
Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, Pas si fous, ces Français !   Paris : Editions du Seuil : 2005  (27-8).

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